A la question "es-tu un hardcore gamer", généralement, j'aime répondre fièrement que oui. Après tout, je joue à peu près depuis toujours, j'aime partager ma passion avec tout le monde et je me sens bien dans cette communauté de gamers...
Mais dernièrement, il s'est passé quelque chose d'assez étrange dans ma vie de gamer. Un peu avant la sortie de Super Meat Boy sur PC, j'étais vachement enthousiaste. J'ai même précommandé le jeu (la seule fois de ma vie que j'ai fait ça), tellement je trouvais que ce trip old-school semblait dément.
Désormais, quand je vais sur Steam, le compteur d'heures de jeu reste bloqué sur 4 heures, dont 2 jouées par un ami chez moi. Je me suis simplement découragé très, très rapidement. Et ce phénomène arrive avec énormément de jeux dans lesquels je suis mort un peu trop souvent : Mirror's Edge (que j'ai quand même fini), Castlevania : Lords of Shadow ou Outland, entre autres. C'est simple, je ne supporte plus de mourrir deux fois au même passage, et je met quasiment d'office tous mes jeux en facile...
Mirror's Edge : "ACCROCHE-TOI, PUTAIN ! MAIS TU VAS T'ACCROCHER A CE CON DE REBORD ?!"
Franchement, en tant que passionné depuis toujours, et ayant beaucoup joué à la Megadrive, console sur laquelle c'était un défi de finir ses jeux (et encore, j'ai certainement pas joué aux plus durs), j'ai presque honte de le dire : la difficulté dans les jeux ne m'intéresse plus.
J'ai bien réfléchi à ce qu'il pouvait bien m'être arrivé, et il me semble qu'à la suite de mon "Top des scènes qui ne peuvent exister que dans un jeu vidéo", j'ai réalisé quelque chose... Mon intéret pour cette passion s'est un peu déplacé. Là où je la considérais comme une sorte de "passe-temps", désormais je n'arrive plus à jouer à un jeu sans en retenir quelque chose : un thème bien abordé (Bioshock), un scénario (Deus Ex HR), un univers (Mass Effect)...
Parce que quand je jouais à Altered Beast sur MD, sérieusement, le design était immonde, le contexte pas très intéressant et le scénario inexistant. De ce fait, il restait tout de même le gameplay, qui devait me plaire à l'époque et qui me poussait à vouloir relever le défi de finir le jeu.
Altered Beast : Dans mes souvenirs, c'était plus beau que la réalité...
Mais aujourd'hui, si on me proposait un jeu moche, sans scénario (là où il peut y en avoir un, bien sur), sans univers, sans aucune patte artistique, mais avec uniquement un gameplay axé sur la difficulté, je n'y toucherais pas. Je ne m'intéresse plus à ça, du tout, et c'est ce qui m'a repoussé dans Super Meat Boy.
Aujourd'hui, je ne peux plus jouer à un jeu dans lequel il n'y a pas "autre chose", et j'ai remarqué que dans mes gros coups de coeur récents, il n'y a que des jeux dans lesquels l'implication du joueur se fait aussi narrativement : Alpha Protocol, Heavy Rain, Fallout : New Vegas, les Mass Effect, et même BioShock...
Plus que simplement nous raconter une histoire (le cinéma et la littérature savent déjà le faire), ce que j'attends d'un jeu, c'est qu'il me pose devant un carrefour, qu'il me dise :"Ok, tu vas tout droit, il se passe ça, tu vas à gauche, il se passe ça, tu vas à droite il se passe ça"... Ou bien une autre solution consiste à parler au joueur comme à un joueur, et non un spectateur. C'est-à-dire utiliser l'intéractivité pour réussir à faire ce qu'aucun autre média ne réussit à faire (d'où l'exemple de Bioshock).
Alpha Protocol : Yep, c'est bien ce jeu que je trouve meilleur que Castlevania
Voilà, j'ai le sentiment de ne pas en avoir dit assez à ce sujet, mais je n'ai pas le courage de développer plus que ça. Je le dis officiellement : je ne suis plus un hardcore gamer. La difficulté ne m'intéresse plus du tout, mon intérêt pour le jeu vidéo s'est tout simplement déplacé, et mes critères de qualités avec. Désormais, je me rappelles longtemps d'un jeu lorsque j'en retiens quelque chose, lorsque grâce à lui je me pose des questions sur le thème abordé (Deus Ex est très fort pour ça), ou lorsqu'il me met devant des choix cruciaux, dans des situations puissantes durant lesquelles on ne peut pas se dire "de toutes façons, ce personnage va survivre puisque c'est un personnage principal", parce qu'un mauvais pas peut réellement transformer la suite des évènements (Alpha Protocol, Heavy Rain).
Voilà ce qui me pousse désormais, au moment de démarrer un jeu, à aller directement dans les options pour le mettre en facile.
OSEZ LE FACILE !
(Ce slogan est ridicule)